C’est lorsqu’on doit faire le choix d’une meilleure isolation thermique en vue d’une construction écologique qu’on est souvent face à une certaine incompréhension. Y a-t-il des matériaux vraiment écologiques ? Et en fait, quand peut-on réellement évoquer une isolation écologique ?
Une isolation écologique, qu’est-ce que c’est ?
Cela coule de source. Il n’y a pas d’isolation écologique sans les isolants qui vont avec. C’est juste qu’en réalité, on ne peut pas vraiment parler d’isolant naturel ou écologique. Une raison à cela est que les matériaux manufacturés, bien qu’ils soient issus de la nature comme les isolants d’origine animale ou végétale, subissent des traitements chimiques.
Ils sont certes conformes aux réglementations environnementales, mais sont constitués jusqu’à 25 % de liants en fibre de polyester, entre autres. Ces traitements sont indispensables pour leur conférer une résistance acceptable contre les moisissures, les insectes, et contre l’incendie.
Isolation écologique et matériaux HQE
Comme pour l’isolant entièrement écologique, on ne peut pas tout à fait non plus dire qu’un isolant soit HQE, c’est-à-dire de Haute Qualité environnementale. Il s’agit simplement d’une démarche qui vise à contrôler les impacts environnementaux des bâtiments, en réduisant leurs émissions polluantes. Cela se traduit par la mise en œuvre de matériaux naturels susceptibles d’améliorer leurs performances énergétiques et permettant de maîtriser l’impact environnemental du bâti.
Prenant en considération un ensemble d’éléments comme l’épuisement des ressources, la conception de l’isolant, l’impact et le cycle de vie des matériaux qui composent le bâti, la mise en décharge, la démolition… le terme HQE s’applique ainsi à tout le bâtiment.
Cependant, une évaluation détaillée de la QEB (qualité environnementale des bâtiments) passe inévitablement par l’obtention des fiches de déclarations environnementales et sanitaires ou FDE&S pour chaque isolant, conformément à la norme NFP 01-010. Cela permet de contourner les comparaisons a priori pouvant être uniquement basées sur des critères partiels.
Les formats possibles d’isolants naturels pour une isolation écologique
Un large panel de formats d’isolants naturels est possible pour une isolation écologique.
- L’isolant en vrac ou en granules pour l’ergonomie.
- Un isolant naturel souple permettant d’atteindre facilement tous les recoins de la pièce.
- Les plaques murales ou plaques pour le sol intégrant des isolants naturels comme la fibre-gypse.
- Les plaques isolantes rigides qui se prêtent mieux aux surfaces planes ou penchées.
- L’enduit à l’argile qui va agir en complément de l’isolation.
Réaliser une isolation écologique avec quels isolants ?
Globalement, tous les isolants naturels disposent d’une belle performance isolante. Ils se choisissent suivant le projet d’isolation (isolation des murs, isolations des combles et de la toiture ou isolation du plancher. Le contexte de l’installation va aussi dicter ce choix. Voici quelques exemples d’isolants naturels pour la réalisation d’une isolation écologique.
Une isolation écologique avec de la laine de chanvre
Dans la famille des Cannabaceae, le chanvre est travaillé avec la chènevotte pour donner la fibre de laine de chanvre. Du polyester est incorporé au mélange avant de le conditionner en nappes. La laine de chanvre doit notamment sa souplesse et ses performances à ce duo fibres naturelles/polyester.
D’ailleurs, elle offre les mêmes capacités isolantes que les laines minérales (la laine de verre et la laine de roche). Son écobilan favorable caractérise ce matériau isolant naturel. Écologique par essence, la laine de chanvre est capable de réguler l’humidité dans l’habitation.
Une isolation écologique avec de la laine de bois
La laine de bois, fibre de bois ou encore paille de bois est constituée de copeaux de cette matière naturelle. On peut lui donner une forme de panneaux ou de plaques rigides en lui incorporant un liant végétal, du polyester ou une base-ciment. La laine de bois a pour particularité de ne pas craindre les nuisibles. Ce matériau est idoine pour une isolation écologique requérant une certaine résistance mécanique.
Notez que les performances d’isolation acoustique et thermique de la laine de bois s’avèrent particulièrement intéressantes. Ce matériau est généralement estampillé du marquage CE, assorti de la norme NF EN 13168. Avançant une conductivité thermique entre 0,039 et 0,050 W/mk, en fonction de sa masse volumique, la laine de bois peut se doter d’un poids entre 145 et 265 kilos au mètre cube. Étant un bon isolant écologique, la laine de bois se recycle et se dote d’une bonne longévité.
Un isolant idéal pour le confort d’été
Néanmoins, on doit aussi la traiter contre les rongeurs et les insectes. Et contrairement à la laine de chanvre, la vulnérabilité à l’humidité constitue son point faible. Cet isolant tend à changer de température une fois en contact avec les vapeurs. Ce facteur peut aussi jouer sur l’écart de son indice lambda, qui peut alors passer de 0,039 à 0,047.
Malgré ce petit bémol, en plus d’une isolation écologique conférée, la laine de bois a une carte importante à jouer. Il s’agit de son important déphasage thermique qui intervient particulièrement pour le confort d’été.
Une isolation écologique avec du torchis
Plébiscité en isolation écologique, le torchis pèse entre 300 et 400 kg au mètre cube. Ce qui donne une idée sur sa densité. Cet isolant naturel est capable de prouesses pour bloquer les fréquences graves. Il est ainsi meilleur isolant phonique que la brique et le parpaing. Présentant un large éventail d’avantages, son usage permet au mur de respirer, il ne se fissure pas et contrairement à la plupart de ses cousins, cet isolant ne subit aucun traitement polluant.
Le torchis est ainsi un matériau idéal pour une isolation écologique. En usage externe (isolation extérieure), il contribue à la bonne durabilité de la structure du bâti. Il avance une excellente perméabilité à l’eau et a des propriétés hygro régulatrices. En plus de repousser les rongeurs et les insectes, ses performances thermiques sont accrues grâce à sa forte teneur en paille.
Une isolation avec du liège pour une démarche écologique
Le liège vient de l’écorce d’un arbre nommé chêne-liège. Bien que naturelle, cette ressource est vulnérable car l’écorce de cet arbre se renouvelle seulement tous les 25 ans. En termes d’isolation, le liège est disponible sur le marché en 2 textures différentes : le liège brut et le liège expansé. Sous sa forme expansée, le liège est aggloméré avec de la subérine.
Un éventail d’avantages…
Concernant les performances thermo-acoustiques, le liège est aussi un champion dans cette catégorie. Avec son indice lambda situé entre 0.032 à 0.045, la capacité d’isolation du liège dépasse celle de la laine de verre. Hormis le fait qu’il constitue une isolation phonique écologique parfaite pour les pavillons sur des axes routiers (emprisonnant l’air jusqu’à 96 %), le liège en format expansé, brut ou aggloméré ne présente aucun risque de tassement avec le temps.
Il va ainsi garder ses capacités d’isolation durant des années. Parmi les meilleurs en capacité de déphasage, le liège se distingue aussi par cette caractéristique. Souvent recommandé pour l’isolation écologique des habitations construites en milieu humide, le liège est imputrescible et ne risque pas de se désagréger sous l’effet de l’eau, des insectes ni des rongeurs. A cela s’ajoute son excellente tenue mécanique qui le rend résistant à la compression.
… Mais aussi quelques défauts
Néanmoins, son prix de vente au mètre carré quelque peu prohibitif et sa moindre perméabilité aux vapeurs d’eau pénalisent le liège. Ce dernier inconvénient oblige à prévoir des extracteurs d’air pour un usage du liège en isolation extérieure ou intérieure. De plus, l’épaisseur à apposer aux murs devrait alors être assez suffisante si on veut obtenir une résistance thermique compatible aux aides à l’isolation.
Une isolation écologique avec de la paille
La RT 2012 reconnaît la paille comme étant un matériau adapté pour une isolation écologique. La paille n’exige pas de quantité importante d’énergie grise ni pour sa récolte, ni pour sa fabrication, ni pour son recyclage. On l’installera alors en construction neuve plutôt qu’en rénovation. Conditionnée en vrac, en botte ou en bloc, la paille est une ressource illimitée, d’où son excellent rapport qualité/prix. Elle dure longtemps et se dote d’une excellente résistance mécanique.
Parmi ses nombreux atouts, la paille peut aussi réguler le taux d’humidité. Cependant, on doit la protéger des risques d’humidité sous peine de lui faire perdre son pouvoir d’isolation. A terme, l’isolant va pourrir. A côté de cela, son faible lambda (de 0.050 à 0.075) contribue à ses performances. Cependant, cela oblige à compenser avec une épaisseur d’isolant importante si on veut une résistivité appréciable.
Comment installer une isolation écologique avec de la paille ?
L’installation d’une isolation écologique avec de la paille se fait généralement sous ossature en bois spécialement conçue à cet effet. En guise de finition, un parement en mur en béton ou en fibre de bois enduit peut s’installer au choix. A moins d’opter pour des enduits spécifiques proposés par des sociétés spécialisées. Étant un produit inflammable, une isolation avec de la paille requiert des précautions particulières.
On évitera toute application près des fils électriques non gainés et des conduits de cheminée. Par voie de conséquence, on évitera aussi le contact d’une isolation en paille avec les spots électriques qui chauffent énormément. Impliquant une épaisseur importante des murs, notez que ce mode constructif influe sur la luminosité intérieure. Et à part son côté écologique, l’isolation avec de la paille attire les auto constructeurs, grâce à son prix défiant toute concurrence.
Avec l’énergie grise qui nous fait de plus en plus défaut, accordons plus de crédit à l’isolation écologique et choisissons nos matériaux parmi les isolants naturels.