Rayonner localement tout en réduisant les émissions : telle est l’ambition du projet Miscanterra. Portée par un étudiant de l’École d’Architecture de Lille, cette innovation utilise une plante peu connue, le miscanthus, pour créer un panneau isolant thermique et phonique.
Le matériau se présente sous forme de blocs biosourcés, produits sans produit chimique et fabriqués localement. Ce concept a séduit le jury du James Dyson Award 2025, preuve de son potentiel. Ces blocs visent les chantiers résidentiels comme commerciaux, avec une performance annoncée sur plusieurs plans. En combinant simplicité de conception, écoresponsabilité et efficacité thermique, le projet attire l’attention du secteur.
Une idée née dans une cité minière du Nord
C’est en participant à un chantier de réhabilitation qu’Alex Babayan découvre les propriétés méconnues du miscanthus. Utilisée localement, la plante a permis d’atténuer la perte thermique ressentie par les habitants. Elle a aussi contribué à la dépollution des sols, en piégeant certains métaux lourds.
L’architecte en herbe observe alors une corrélation entre les pertes de chaleur et la hausse de consommation énergétique. Cette prise de conscience l’amène à concevoir un bloc autoportant, composé uniquement de matières naturelles. Ce choix d’isoler à partir d’une plante cultivée sur place répond aux attentes environnementales actuelles et renforce l’ancrage local du projet.

La fabrication du bloc Miscanterra repose sur un principe à la fois minimaliste et astucieux. Le miscanthus est broyé, puis mélangé à un liant naturel, avant d’être moulé. Le séchage à l’air libre durcit la matière, ce qui la rend légère, rigide et performante. Pour stabiliser le tout, on applique un tissu thermocollant sur chaque face. Ce revêtement empêche l’effritement et facilite l’installation sur les chantiers.
Avant d’arriver à ce résultat, le concepteur a testé près de quarante versions différentes. Aujourd’hui, le prototype est validé, prêt pour une production à grande échelle. L’inventeur a déposé la marque et entamé les démarches pour protéger son brevet.
Un bloc sur mesure, modulaire et primé
Contrairement à d’autres isolants biosourcés, Miscanterra a été conçu pour se poser seul, sans ossature porteuse. Le concepteur adapte la forme et les dimensions aux contraintes de chaque chantier. Ce principe réduit les chutes, simplifie la logistique et accélère l’exécution.
Une version emboîtable est aussi à l’étude pour renforcer l’aspect modulaire. Ce travail a déjà été récompensé à plusieurs reprises : Prix Impact, Prix Archi’bois et concours national « Up to Start ». L’architecte a su convaincre par l’équilibre entre démarche artisanale, innovation et vision écologique. Son projet s’inscrit dans une dynamique de solutions concrètes, pensées pour les chantiers de demain.
Une transition énergétique aux racines végétales
Miscanterra incarne une réponse directe aux attentes écologiques du secteur de la construction. L’utilisation d’un végétal local pour isoler thermiquement et phoniquement séduit autant qu’elle rassure. En choisissant de ne pas utiliser de produits chimiques, l’étudiant engage un positionnement éthique assumé. Son approche rejoint les grandes lignes de la transition énergétique : durabilité, sobriété, circuits courts.
Avec ce panneau biosourcé, Alex Babayan pose une brique supplémentaire à l’édifice du bâtiment bas carbone. Et si ce bloc issu du miscanthus devenait la norme sur les chantiers de demain ?