Victime de leur succès, les aides à l’isolation thermique par l’extérieur ont vu leur sort se jouer entre les mains des pouvoirs publics, qui devaient décider en juillet dernier sur sa hausse ou sa baisse. C’est ainsi qu’en raison de nombreux cas de fraude, MaPrimeRénov s’est vue limitée aux travaux d’isolation par l’extérieur ou ITE.
Mais face aux nombreuses réactions, dont notamment celle de la fédération française du Bâtiment, déplorant une pénalisation injuste des ménages modestes, l’administration n’a pas caché la possibilité d’une éventuelle remise en question de cette décision. Dans les faits, on peut s’attendre à une revue à la hausse des barèmes de ces aides en 2021. Toujours est-il qu’il faut d’abord endiguer à ces actes abusifs.
Baisse des aides à l’isolation suite à des constats de fraudes liés aux offres à 1 euro
De la même manière que pour les offres à 1 euro, sept mois à peine après son lancement se sont écoulés que le dispositif d’aide MaPrimeRénov fait déjà l’objet d’actes de malveillance. La principale raison ayant amené les pouvoirs publics à prendre une décision. Celle de diminuer les forfaits destinés à l’isolation thermique par l’extérieur, qui ne fut pas plus tard qu’en juillet dernier.
Mais la réaction de la Fédération française du bâtiment (FFB) ne se fut pas non plus longuement attendre. C’est ainsi que dans un communiqué de presse du 17 juillet 2020, la FFB, en la personne de son président Olivier Salleron, déclare que ces dispositions visant à diminuer les aides à la rénovation énergétique dont l’isolation ITE « pénalisent avant tout les ménages modestes, et les entreprises qui travaillent bien ».
Face aux cas de chantiers d’isolation thermique par l’extérieur effectués par des professionnels peu vertueux, et qui remontent à la surface, la FFB dénonce ces intermédiaires qui n’hésitent pas à financer des travaux de piètre qualité. Et ce, par le biais du système de certificats d’économie d’énergie ou CCE. La plupart du temps, ces interventions sont facilement reconnaissables grâce aux crépis non posés. Ils se manifestent aussi par des panneaux de polystyrène laissés à nu.
Une décision unilatérale qui stigmatise les vrais professionnels
Pour le président de la FFB, cette décision subite du gouvernement découlant de certains constats et de plusieurs reportages sur le sujet n’agit aucunement pour le bien des entreprises. Celles qui essaient d’effectuer au mieux leur travail. Au contraire, Olivier Salleron y voit un énième signe, pour le moins contre-productif, d’instabilité des systèmes d’aides financières déjà mis en place. Effectivement, les dispositifs d’aide évoluent au même rythme que les cibles des arnaqueurs. Une démarche qui est loin de faciliter la vie des professionnels engagés et honnêtes. Celles-ci sont, non seulement obligées de faire avec, mais doivent en plus rendre compte de ces revirements perpétuels aux clients. Pour y pallier, Olivier Salleron propose un meilleur ciblage des arnaqueurs et des entreprises suspectes par l’instauration d’un contrôle strict. Celui-ci pourra se faire en amont et après les travaux.
Les foyers les plus pauvres : victimes de la limitation de la surface éligible et fixation des forfaits
Afin de prévenir les risques de surfacturations, l’Anah ou l’Agence nationale de l’habitat a annoncé dernièrement la limitation de la surface murale éligible aux aides à l’isolation thermique par l’extérieur à 100m² au maximum. Cela signifie que les propriétaires auront à prendre en charge le reste des superficies à isoler. Il est d’autant plus regrettable que ces travaux concernent majoritairement une catégorie de foyers modestes et très modestes. Ceux-ci sont donc les premières victimes de cette décision de baisse des aides à l’isolation.
À cela s’ajoute une fixation des forfaits de l’ordre de 60 euros/m² et 75euros/m² respectivement pour les foyers modestes et très modestes. Ils étaient initialement de 75 euros/m² et 100 euros/m² avant. Cependant, pour ces opérations, l’État considère que, cumulées avec les certificats d’économies d’énergie, ces aides ne sont pas du tout négligeables. Sachant qu’elles peuvent atteindre les 7 500 euros pour un ménage modeste contre 6000 euros pour un ménage très modeste. En atteste la myriade de demandes déposées auprès des autorités compétentes pour des projets d’isolation thermique par l’extérieur.
Conclusion
Reconnaissant la performance de l’isolation thermique par l’extérieur, l’Etat et les collectivités incitent davantage les particuliers à entreprendre ces travaux à travers différentes aides. L’objectif ? Une baisse significative de leurs consommations énergétiques. Ainsi, si les efforts visant à restreindre, voire supprimer totalement les cas de fraudes aux travaux de rénovation énergétique portent leurs fruits en 2021, l’État n’exclut pas de rétablir les barèmes originaux. Il est possible qu’il revoie ainsi sa décision de faire baisser ces aides à l’isolation thermique par l’extérieur.